2019, c'est le 100e anniversaire de l’Internationale Communiste !

Publié le par PRCF 66 - Pyrénées Orientales

2019, c'est le 100e anniversaire de l’Internationale Communiste !

Le 2 mars 1919, à l’appel du Parti communiste (bolchevik) qui venait de mener à la victoire les Soviets ouvriers et paysans russes, était fondée l’Internationale communiste (IC), dite aussi « Troisième Internationale » ou, par l’acronyme russe, « Komintern ».

Cette nouvelle étape historique du mouvement ouvrier international de classe prenait le relais d’abord de la Première Internationale, fondée par Marx et Engels, qui s’illustra lors de la Commune de Paris mais que les menées anarchistes et réformistes en son sein avaient conduite à de profondes divisions, puis de la Deuxième Internationale, construite sous l’égide d’Engels et sur des bases marxistes mais qui fut rapidement dévoyée par les courants réformistes et sociaux-impérialistes ralliés à la criminelle « union sacrée » de 1914. Directement issue de la lutte contre la guerre mondiale impérialiste, étroitement liée à la grande Révolution prolétarienne et socialiste d’Octobre 1917, préparée par les offensives prolétariennes insurrectionnelles ou pré-insurrectionnelles d’Allemagne (Spartakistes), d’Italie (Conseils de fabrique) et de Hongrie autour de Bela Kun, prolongeant et accomplissant, sous l’égide du prolétariat rouge et de la paysannerie russe, les promesses émancipatrices des Sans Culottes et de la Conjuration pour l’Egalité de Babeuf, l’Internationale communiste galvanisa le mouvement ouvrier international, l’appela à rompre avec les appareils réformistes, invita le prolétariat à s’allier au mouvement d’émancipation des peuples colonisés et à prendre appui sur l’élan historique pour l’affranchissement des femmes symbolisé par la communiste Clara Zetkin.

 

L’Internationale Communiste, élément d’impulsion central pour les combats des Partis Communistes

 

Sous l’égide de l’IC, de combatifs partis communistes fortement organisés émergèrent dans de nombreux pays dominants ou dominés. En réponse offensive aux désastres de la guerre impérialiste mondiale, une période historique nouvelle commençait, celle du passage de l’humanité, dominée depuis des millénaires par d’oppressives sociétés de classes, à une société socialiste, où tout le pouvoir politique et économique appartient aux travailleurs, en marche vers une société sans classes où « le développement de chacun est la condition du développement de tous » (Manifeste du Parti communiste). Démasquant la démocratie bourgeoise, dont la guerre impérialiste avait crûment révélé la nature de classe dictatoriale à l’égard des masses, l’IC engagea sans détours une large propagande pour le socialisme sans contourner la question cruciale de la dictature du prolétariat, seul moyen de battre la réaction sanglante et la contre-révolution bourgeoise, tout en développant au maximum la démocratie de masse la plus large pour tout le peuple travailleur. Partout, sous l’impulsion de Lénine, de la « grande lueur née à l’Est », de l’IC, conçue comme un parti international du prolétariat, et des partis communistes nationaux affiliés, le prolétariat passa à l’offensive et fit trembler la domination bourgeoise, l’impérialisme, le colonialisme allié aux régimes féodaux, l’oppression patriarcale, l’oppression des Empires sur les nationalités opprimées. Pendant ce temps, malgré les tentatives incessantes de la bourgeoisie mondiale d’encercler, d’étrangler et de subvertir de l’intérieur la jeune République multinationale des soviets, la jeune URSS parvenait peu à peu à émerger de la famine, de la guerre civile et de l’intrusion impérialiste, du sous-développement économique et culturel en créant le premier pays socialiste de l’histoire et en mobilisant l’enthousiasme créateur de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre, de la jeunesse ouvrière et étudiante, des artistes et des savants d’avant-garde. 

C’est à travers l’épopée des plans quinquennaux que l’URSS dirigée par Lénine, puis par Staline, s’industrialisera de manière telle qu’il lui sera possible de liquider le chômage et l’analphabétisme, de permettre l’émancipation linguistique et culturelle des peuples dominés de l’ex-Empire tsariste, de créer une science et une technique de pointe et de créer les conditions générales qui lui permirent, de la victoire de Stalingrad à la prise de Berlin – et malgré des sacrifices sans aucun équivalent à l’Ouest –, d’écraser la Wehrmacht, de rendre incontournable la grande coalition antifasciste mondiale, de stimuler partout un immense élan populaire de Résistance patriotique et antifasciste, d’ouvrir la voie en Europe et dans le monde entier à une nouvelle ère où le mouvement ouvrier était à la force marchante, où le fascisme était légitimement criminalisé, où l’élan vers la décolonisation devenait irréversible, où le peuple français obtenait d’immenses avancées portées par le PCF sorti auréolé de la Résistance, et où le drapeau rouge allait désormais flotter sur nombre de capitales européennes, mais aussi sur Hanoi, Pékin, Pyongyang, puis sur La Havane, Saigon devenue Ho Chi Minh-Ville, etc.

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Le PCF, bénéficiaire de l’aide de l’Internationale Communiste !

 

En France, la fondation du PCF (initialement SFIC) en décembre 1920 permit pour la première fois à la classe ouvrière de disposer d’un parti politique vraiment à elle, largement dégagé de l’influence bourgeoise et petite-bourgeoise qui prédominait encore dans la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) de la période antérieure, un parti dans lequel les élus faisaient la loi et où les jeux de tendance écartaient les prolétaires de la direction et où une division du travail tournant au conflit larvé séparait trop souvent le parti, principalement tourné vers le parlementarisme et les élections, et le syndicalisme ouvrier, incapable malgré sa combativité, de combattre pour la conquête du pouvoir politique. Grâce au PCF conseillé par l’IC et actif en son sein, les travailleurs de France devenaient de plus en plus les sujets de l’histoire, revendiquant pour leur classe la succession de la bourgeoisie qui tournait le dos à 1789 et à 1793 pour se subordonner de plus en plus à l’Allemagne impérialiste revancharde et au fascisme européen en pleine contre-attaque continentale.

L’IC eut alors le mérite, sous l’égide de Georges Dimitrov et de Maurice Thorez, initiateur en France, avec Jacques Duclos et Benoît Frachon, de la politique léniniste innovante du Front populaire, patriotique et antifasciste, de porter une large politique d’unité ouvrière et d’union populaire qui permit à chaque parti national de l’Internationale, et notamment au tout jeune PCF, d’unir le drapeau rouge au drapeau national pour arrêter le fascisme, porter aide à l’Espagne républicaine abandonnée par Blum et par la République bourgeoise française, de préparer les immenses avancées de 1936 et de faire de la classe laborieuse le cœur de la Résistance antifasciste et des grandes conquêtes de 1945 (les énumérer en rappelant les noms des ministres communistes). A noter que les Brigades internationales d’Espagne, créées à l’initiative du Komintern, ont joué par la suite un rôle décisif en France pour la structuration de la Résistance des FTP-F et des FTP-MOI. Ce fut là l’apport majeur du 7ème congrès de l’IC (1935) dont les lignes de principe sont encore plus valables à notre époque où la classe ouvrière et les communistes doivent devenir la force dirigeante d’un large rassemblement antifasciste, anti-impérialiste, avec en outre un objectif nouveau résultant du fait que le capitalisme-impérialisme, devenu ultraréactionnaire, met en péril la survie même de l’humanité par ses prédations anti-environnementales, sa course insensée au profit maximal, ses menaces gravissimes et proprement exterministes contre la paix mondiale et l’indépendance des nations. Plus que jamais, la devise de Fidel Castro « la patrie ou la mort, le socialisme ou mourir ! » résume à notre époque la signification de principe impérissable du 7ème congrès de l’IC.

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Quand l’Internationale Communiste recule, les communistes s’affaiblissent…

 

On peut débattre sur la question de savoir si la décision unanimement prise en 1943 par les PC de dissoudre l’IC pour donner plus de force à chaque PC national au sein du front patriotique antifasciste de chacun des pays concernés s’est révélée heureuse à long terme. Elle a certes permis d’afficher nettement l’ancrage patriotique de chaque PC, notamment en France, en Italie, en Yougoslavie, en Belgique, etc. Mais bien que tel ne fût pas son but, l’autodissolution de l’organisation internationale du prolétariat aura aussi permis aux forces de division du mouvement ouvrier international de marquer des points après la guerre, de répandre des idées nationalistes, gauchistes, réformistes, antisoviétique, anti-léninistes, en laissant les PC de chaque pays sans aide internationale suffisante pour combattre les déviations révisionnistes. 

La tentative après guerre de faire vivre le Kominform, puis un Mouvement communiste international (MCI) de plus en plus émietté et « informel », dans lequel s’affrontaient de plus en plus des PC nationaux soumis aux pressions pas toujours prolétariennes des Etats respectifs, y compris socialistes, auxquels ils appartenaient, n’aura pas pu inverser la tendance à l’éparpillement des forces communistes. Et cela à une époque où pourtant, la socialisation et la mondialisation croissante des échanges, les contre-offensives guerrières et idéologiques de l’impérialisme, les regroupements internationaux de forces réformistes, européistes, gauchistes, trotskistes, sans parler de la réorganisation paneuropéenne des fascistes, auraient nécessité au contraire la riposte unie des partis fidèles au marxisme-léninisme. Cette division internationale et les dérives centrifuges qu’elle aura permises pays par pays n’aura pas compté pour peu dans le triomphe progressif du révisionnisme, de l’opportunisme liquidateur des Carrillo, Berlinguer, Hue, etc., et du liquidateur mondial en chef Gorbatchev. 

Pour renverser le pouvoir soviétique, détruire le camp socialiste et rendre pour des décennies au capitalisme-impérialisme l’initiative historique qu’il avait en partie perdue en 1917 et plus encore en 1945, la contre-révolution alliée à l’opportunisme et au révisionnisme aura joué de surcroît sur l’opposition entre pays socialistes, notamment entre la Chine et l’URSS, et entre PC nationaux aspirés dans divers sens vers le nationalisme, le révisionnisme, le gauchisme, le sectarisme. Ou, s’agissant des PC italien, espagnol, belge, français, etc., vers la déviation « eurocommuniste », caractérisée jusqu’à nos jours par l’antisoviétisme, l’anti-léninisme, le ralliement à la funeste « construction » européenne, l’abandon du syndicalisme de classe, l’allégeance à la social-démocratie sous couvert d’ « union de la gauche », l’abandon du patriotisme populaire et le reniement des principes organisationnels du MCI, notamment du centralisme démocratique. Tant il est vrai que l’internationalisme prolétarien, dont l’IC était la forme organisée, et que le patriotisme populaire ne s’opposent pas : au contraire, ceux qui tournent le dos au premier pour rejoindre le supranationalisme bourgeois, ne tardent jamais à trahir aussi le patriotisme tantôt pour abonder la « construction » euro-atlantique, tantôt pour soutenir les prédations de l’impérialisme français ou  déguisé en « soutien aux droits de l’homme ».

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Mobilisons-nous pour la Renaissance d’une Internationale communiste !

 

Quoi qu’il en soit de ce débat historique, il est plus que jamais nécessaire que renaisse un puissant MCI, marxiste-léniniste, centré sur la classe ouvrière et sur le monde du travail, travaillant à unir les prolétaires aux luttes de libération nationale et au mouvement d’émancipation des femmes, à tous les secteurs de la société qui luttent sincèrement pour l’écologie, les « lumières », le progrès, la démocratie et la paix. Cela signifie non pas affadir ce mouvement anticapitaliste en le dissolvant dans un conglomérat sans contenu de classe ouvert aux réformistes, aux gauchistes (notamment aux trotskistes), mais lui donner un caractère idéologiquement ferme, exempt à la fois de sectarisme et d’opportunisme tout en assurant au prolétariat la centralité nécessaire dans les luttes populaires, en France et à l’international.

Si l’heure de la reconstruction de l’IC n’a manifestement pas encore sonné, étant donné l’ampleur de la défaite subie avec la chute du camp socialiste et des divisions qui s’en sont suivies dans le MCI, l’objectif stratégique de construction d’une nouvelle Internationale communiste fièrement héritière de celle de 1919, tenant compte des erreurs commises, démocratique et égalitaire dans son fonctionnement, articulant de manière équilibrée la question nationale aux problématiques mondiales et continentales, reste stratégiquement et idéologiquement posé, et de manière d’autant plus urgente que la mondialisation capitaliste ne cesse chaque jour d’éliminer toutes les conquêtes sociales et démocratiques dans chaque pays et de conduire le monde à l’abîme en détruisant l’environnement et en nourrissant les nationalismes bellicistes.

C’est dans cet esprit que le PRCF organisera à Paris début mars  un colloque historique et politique ouvert à d’autres forces pour commémorer la naissance de l’IC, la mettre au cœur de la lutte pour la Renaissance communiste en France et pour la réorganisation du MCI. Plus que jamais, face à la mondialisation néolibérale, à l’Europe atlantique, à la fascisation, à la marche vers une troisième guerre mondiale nécessairement exterminatrice, le mot d’ordre de Lénine et de l’IC reste plus urgent que jamais :

 

« Prolétaires de tous les pays, peuples opprimés du monde entier, unissons-nous ! »

 

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